par C²
jeudi 27 décembre 2012
UNE HISTOIRE DE L'HISTOIRE DE L'ART
La revue
n’est autre qu’un outil d’information, de promotion. Mais cette opinion
dominante est une illusion. La revue a une prégnance qui va bien au-delà de la
communication.
Yves Chevrefils Desbiolles et Rossela Froissart Pezone sont les
auteurs de l’ouvrage Les revues d’art,
Formes, stratégies et réseaux au XXème siècle, qui propose un
panorama des revues marquantes, appliquées au domaine artistique. Elaboré à la
suite d’un colloque, ce regroupement de textes offre une analyse par cas, non
chronologique mais sociologique. Ce livre propose une
lecture pertinente de l’histoire de la revue, et permet d'aboutit une histoire de l’histoire de l’art, comme le définit Rossela Froissart Pezone.
En avril 2008 se tient à Aix-en-Provence un colloque intitulé Les revues d’art, Formes, stratégies et réseaux au XXème siècle. Cette manifestation, qui se déroule sur trois jours, aborde trois grands thèmes: les revues comme laboratoire de création, les revues au frontière et les revues comme lieux de sociabilités militantes.
Sous la direction de Yves Chevrefils Desbiolles, docteur en
histoire de l’art et responsable des fonds artistiques à l’IMEC, de Rossela
Froissart Pezone, maître de conférence à l’université de Provence, de Romain
Mathieu, doctorant en histoire de l’art contemporain, et de Pierre Wat,
professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Sorbonne Paris I, l’ambition était alors d’étudier les formes, les stratégies et les réseaux établis
par les revues d’art au XXème siècle. Fort du succès de cette entreprise, un livre apparu regroupant les axes explorés. Cependant, le passage du colloque au livre contient plusieurs enjeux plastiques et structurels complexes. Et malgré le caractère laborieux de l'exercice, l'ouvrage offre une véritable cohérence entre les différentes étapes et les divers cas étudiés.
En effet, une
approche structurée et sociologique est adoptée pour appréhender au mieux cette "histoire de l'histoire de l'art". La volonté ici est d’ouvrir un champ d’explorations des
revues d’art, afin de comprendre comment elles, et l’art, ont évolué.
L’intervention diversifiés de professionnels et spécialistes rend compte de l'aspect scientifique de la démarche. Cependant, avec vingt-deux auteurs, le lecteur
est confronté à vingt-deux styles différents. L’écriture varie entre de longues phrases complexes et d'autres concises. Cela impute un manque de fluidité au contenu.
Toutefois,
le livre est organisé de façon à gommer cette lacune. Il est découpé en trois
parties: les hommes, les groupes, les programmes. Ce découpage a une visé
sociologique afin d’exposer le plus clairement possible le cheminement d’une
revue. L’objet né de la volonté d’un homme, qui s’entoure et sélectionne des
axes. Cette orientation offre au lecteur un point de vue logique afin
d’appréhender facilement l’histoire des revues au XXème siècle. Chaque intervenant relate la naissance et l'aboutissement d'une revue en particulier, en étudiant toutes les composantes et le contexte de création. En fonctionnant de la sorte, une histoire de l’histoire de
l’art finit peu à peu à se mettre en place.
Grâce à différents cas
explicitement exposés, le livre démontre comment les revues d’art du XXème
siècle ont contribué à écrire l’histoire de l’art. A la fois champs
d’expérimentations, lieu de manifestes, ou espaces de tendances, la revue est
partie intégrante de l’art.
Pour autant, la spécificité du sujet requière un véritable
engouement pour arriver aux termes de cette lecture. De même, il est regrettable que les cas étudiés les
plus récents ne soient que des années 1970. Certes l’histoire des revues est un vaste
champ d’explorations à mener, mais il aurait été intéressant de confronter des
cas du XXème et du XXIème siècle.
Chevrefils
Desbiolles, Yves, Froissart Pezone, Rossella,
Les revues d’art, Formes, stratégies et
réseaux au XXème siècle,
par C²
samedi 17 novembre 2012
#CHRONIQUE CINE
Les films vus au cinéma cette semaine:
Nous York, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran
Désolant! Ce film est d'une pauvresse affligeante: manque de scénario, suites d'actions improbables et une interprétation moyenne. Le mieux reste l'image véhiculé par le film sur les touristes français: le français à l'étranger est un benêt qui crie "Obama" parce que c'est IN, ne sait pas parler français bien sur et collectionne tous les souvenirs les plus kitchs possibles. Stop.
La chasse, de Thomas Vinterberg.
Un des coups de coeur de l'année. La chasse est un film touchant et poignant. Il aborde le sujet délicat des rapports entre adulte et enfant, là où le mensonge se fond avec la réalité. Dès le début, le spectateur est pris aux tripes et est retenu en haleine jusqu'à la fin. Une fin ouverte, qui expose bien la complexité du sujet. Saluons la remarquable interprétation de Mads Mikkelsen, qui incarne avec justesse le mal-être du personnage. Un film à voir.
par C²
mardi 13 novembre 2012
QUAND LE GENTIL GARCON RENAIT DE SES VERRES
Le Gentil Garçon est l’enfant terrible de
la scène artistique française. Né en 1974 à Lyon, l’artiste déclare dans Le futur est derrière nous car on ne le voit
pas venir être né en 1998. Nom, visage, informations personnelles sont tant
d’éléments que Le Gentil Garçon s’efforce de cacher au grand public. Ne
souhaitant point se soumettre au dictât du marché de l’art, cet artiste
polymorphe explore tous les médiums qui s’offre à lui: dessin, sculpture,
installation, performance. L’œuvre Phoenix
est une illustration des créations multiformes de l’artiste. Cette installation
de pianos fût réalisée en deux temps.
Le 21 mai 2002, dans les locaux d’Attitude à Genève à 19h30, Le Gentil Garçon donne un micro concert pendant le vernissage de l’exposition. à cette occasion, l’artiste crée un piano à usage unique dont le fonctionnement est simple: grâce à un système de transmission mécanique irréversible, chaque touche du clavier est relié à un verre à pied. Lorsque l’artiste enfonce une touche, le verre correspondant à cette touche est brisé. Vêtu d’un costume queue de pie, le visage protégé par un casque de soudeur, Le Gentil Garçon fait son entrée dans la pièce. Le concert, durant moins de cinq minutes, est explosif. Lors de la prestation, 84 verres sur 88 sont brisés. A la fin du concert, l’artiste se lève et brise deux verres de ses mains. A l’issu de cette performance filmée, Le Gentil Garçon ne sait que faire des résidus de verre, mais les conserve en espérant leur trouver une seconde vie plus tard. Cette première partie de l’œuvre, dont la dimension «trafiquée» de l’instrument peut faire référence aux pianos préparés de John Cage, serait une sorte d’exutoire pour l’artiste. N’ayant jamais été bon en musique, cette performance artistique est une manière de se venger. Pour l’écrivain Yves Tenret: «Le Gentil Garçon a le sens du détail et surtout de celui qui est ridicule». L’artiste joue bien plus de l’ironie que de son inaptitude à faire de la musique.
Un an après, il prépare une exposition pour le Kunst Museum à Bonn. Demeurant en Allemagne le temps du montage, il découvre un atelier de fonderie qui réalise des trompettes en verre. C’est alors que le souvenir des verres brisés, du concert donné un an auparavant, resurgit. L’artiste décide d’utiliser les débris afin de couler un cor. Soutenue par Françoise Guichon, alors directrice du Centre International de Recherche sur le Verre à Marseille, Le Gentil Garçon fait fondre le verre afin de lui donner une nouvelle forme: des flammes naît un cor au son puissant. Il intègre l’instrument de verre à l’installation Phoenix, composée de deux pianos. Le premier piano, issu de la performance de 2002, est réexposé tel qu’il était à la fin du concert, avec plus que deux verres intacts. Le deuxième piano est une réplique réalisée en 2003, recouverte de velours noir sur lequel est posé le cor en verre. Des vidéos, mêlant les images de destruction du vernissage intitulée The First Last Song à celles prises lors de la création du cor en verre, sont greffées à l’ensemble.
Là encore, Yves Tenret explique avec clairvoyance la démarche de l’artiste: «Le Gentil Garçon a choisi d'être quelque chose, des bricoles ingénieuses, jouets pervers et polymorphes». Cette installation est toute à la fois: astucieuse, multiforme et sarcastique. L’ironie distillée dans cette œuvre rappelle l’esprit Fluxus, dont l’ambition était d’abolir les frontières entre les arts sur un ton provocateur. L’ingéniosité du premier piano renvoie à l’univers stéréotypé de Mac Gyver. Par ailleurs, le choix de l’artiste pour le piano n’est pas anodin: la dimension sculpturale, ainsi que la place confirmée de l’objet dans l’histoire de l’art, ont très certainement orienté le choix de l’artiste. En 2003, le piano a perdu de son importance dans la société. En prenant cet instrument pour son œuvre, l’artiste joue sur une imagerie classique implantée dans une production artistique contemporaine. De plus, le verre n’a pas été employé uniquement pour sa capacité à se briser. Ce matériau a la caractéristique particulière de pouvoir être réutilisé, refondu indéfiniment sans jamais perdre de sa qualité. Ainsi, Le Gentil Garçon peut inlassablement briser les instruments pour manifester sa frustration face à la musique. Mais ironie du sort, l’instrument ne cessera de revivre.
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Le Gentil Garçon, Phoenix, 2002-2003, installation mixte |
A travers cette œuvre, l’artiste met en lumière un univers rempli d’ironie et teinté de poésie. La dimension ludique de la pièce va de paire avec l’esprit bricoleur du Gentil Garçon. Tel un enfant qui voudrait prendre une revanche sur ce qu’il n’arrive pas à faire, l’artiste se met en scène avec dérision et cherche à interroger le monde de l’enfant, avec une technicité physicienne.
par C²
jeudi 11 octobre 2012
UNE EXPOSITION A EXPERIMENTE
Interstice est une brèche sensorielle. Carbone 14, association
Montpelliéraine œuvrant pour l’art contemporain, propose à partir du 26 octobre
une exposition collective à la galerie Saint-Ravy. Cette manifestation plonge
le visiteur en pleine interactivité. Avec le soutien de la Mairie de
Montpellier et du Fonds Régional d’Art Contemporain du Languedoc-Roussillon, ce
projet étudiant offre au public une aventure unique à travers des œuvres participatives.
Le corps du spectateur se trouve au coeur de l'oeuvre. Les pièces présentées emploient l’espace de la galerie Saint-Ravy
comme un nouvel espace à découvrir. Ainsi, le fauteuil Squeeze Chair de Wendy Jacob invite le visiteur à s’assoir. Une
fois installé, ce dernier se retrouve coincé dans l’œuvre, pris au piège dans
ses bras gonflables. Tandis que Rolf Julius, avec Music for the eyes, sollicite l’ouïe du public. Allongé sur un
carré de moquette, écouteurs sur les yeux, la personne est amenée à
expérimenter la musique dans des conditions nouvelles. Ces deux pièces sont
issues de la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain
Languedoc-Roussillon.
Wendy Jacob, Squeeze Chair, 1997, installation |
Rolf Julius, Music for the eyes, 1982, installation |
Dans une volonté de développer et
soutenir l’art contemporain en Languedoc-Roussillon, le projet fait appel à de
jeunes artistes de la région. Nicolas Daubanes, artiste plasticien et professeur à l'école des Beaux-Arts de Perpignan, occupe le deuxième espace de la galerie. Plongé dans le noir, immergé dans le son, le spectateur est amené à vivre la vidéo-performance de l'artiste intitulée Jusqu'ici tout va bien. Tandis
que Maxime Boutin, Julien Borrel et Edouard Lecuyer, étudiants aux Beaux-Arts
de Montpellier, proposent une œuvre spécialement conçue pour l’événement. Cette
pièce collective, nommée Untitled,
joue sur les codes linguistiques et informatiques, afin d’explorer la
communication entre les gens.
Nicolas Daubanes, Jusqu'ici tout va bien, 2012, vidéo-performance
En parallèle à l’exposition,
plusieurs actions sont menées pour éclairer le projet et sensibiliser le public
à l’art contemporain. Ainsi, une présentation du projet aura lieu le jeudi 11
octobre à 14h30 dans la salle Camproux, avec le soutien du Service Commun
d’Actions Culturelles de l’Université Paul Valéry, Montpellier III. Le mardi 6
novembre, une table ronde se tiendra en présence Mme Hélène Trespeuch, Maître de
Conférence en Histoire de l’Art Contemporain à l’Université Montpellier 3,
Patrick Perry, professeur à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier,
différents intervenants issus de ces deux établissements, ainsi que les
artistes. Un dialogue sera construit autour de la question du rapport du
spectateur aux œuvres le plaçant face à son intériorité. Des ateliers pour les enfants seront également mis en place, les mercredis et samedi, de 14h à 16h30 durant toute l'exposition. Par ailleurs, le public pourra bénéficier de visites commentées.
Le projet compte également des
partenaires privés. La Casita del Barrio s’occupera du buffet lors du
vernissage, en date du vendredi 26 octobre à partir de 18h30. Tandis que le
Domaine Bois de Rose fournira les rafraichissements.
Le public est convié à s’interroger
sur son quotidien et son environnement. Avec des œuvres qui jouent entre attraction
et rejet, Interstice propose une
déconnexion et la possibilité à chacun d'intégrer son corps dans la création contemporaine.
Dossier de presse.
par C²Dossier de presse.
Interstice - Exposition collective
Galerie Saint-Ravy
Du 26 octobre au 11 novembre 2012
Vernissage le vendredi 26 octobre
2012,
à partir de 18h30
jeudi 20 septembre 2012
L' "AURA" DE VERITE
En septembre dernier, la photographie
profitait d’un certain rayonnement national grâce à la troisième édition de la
Biennale de la photographie, au quai Branly à Paris. Cette rentrée 2012 se fait
plus discrète sur le médium. Pourtant l’été fût marqué par la treizième
Documenta de Cassel en Allemagne, placée sous le signe de la réflexion, comme le souligne Anaël Pigeat dans artpress.
Tandis qu’en France les Rencontres d’Arles, où l’école française a brillé, se terminent en fin de semaine. Ces deux manifestations majeures dans
le champ de la photographie laissent place à plusieurs expositions tout aussi
intéressantes. Tour d’horizon de cette pratique spécifique de l’image, du
« ça a été » de Roland Barthes.
Depuis
le 19 juin et jusqu’au 8 octobre, le musée Guggenheim de New York abrite une
rétrospective consacrée à Rineke Dijkstra. La pratique de cette artiste
néerlandaise trouve son essence suite à un grave accident de vélo. Lors de sa
rééducation, la photographe est touchée par les gens qui l’entourent et décide
de capter leur histoire. Avec un regard plein d’empathie,
Dijkstra use de la photographie pour saisir la psychologie de ses modèles.
Fascinée par la peinture renaissante de Rembrandt et Ingres, elle emploie les
mêmes spécificités du portrait de l’époque et les applique dans un contexte
contemporain. Dépouillé de toutes fioritures, l’objectif de l’artiste se
concentre sur le sujet et le sublime sur de grands formats. Cette volonté de
proximité avec la personne tend à retranscrire des enjeux sociaux, mais aussi à
mettre en lumière l’histoire de l’humanité dans son plus simple appareil. A la
différence de la rétrospective qui a eu lieu au Jeu de Paume de Paris en
2004-2005, cette exposition présente cinq vidéos photographies animées.
L’animation met alors en mouvement le mystère de l’adolescence, cette période
difficile où l’individu se cherche, qui fascine tant la photographe.
![]() |
Rineke Dijkstra, Selfportrait. |
Une
recherche de vrai et de simplicité que l’on retrouve dans l’œuvre de Diane
Arbus. Après avoir voyager en France puis en Suisse, cette rétrospective fait
ses armes à Berlin en Allemagne, jusqu’au 24 septembre. L’exposition, dont
l’ambition est de présenter l’incroyable carrière de la photographe, dévoile
des portraits d’enfants, de couples, de travestis. Les clichés, qui donnent à
voir une réalité anodine, renferment une force émotionnelle puissante perçant
ainsi la vulnérabilité de l’être. Comme sa démarche artistique, la
rétrospective ne se lit pas selon une scénographie scientifique, dans laquelle
les tirages seraient classés chronologiquement. Le musée Martin Gropius Bau
s’arpente comme une ligne de vie faite de moments, de souvenirs et de bonds dans
le temps. L’événement rend hommage à l’artiste, disparue depuis maintenant 40
ans, qui fût l’une des premières à s’intéresser à des personnes alors peu mises
en lumière.
Changement
de décor à Lyon avec la huitième édition des RENCONTRES 9ph, qui a ouvert ses
portes début septembre et les fermera courant novembre. Cette manifestation,
désormais d’importance nationale et internationale, offre une grande visibilité
à la photographie. Distillé en plusieurs lieux de la ville, le festival a pour
thème cette année la Méditerranée. Galeries, musées et bibliothèques dévoilent
au public une sélection de photographes originaires des pays de la
méditerranée. Gilles Verneret, organisateur de l’événement et directeur de la
galerie le Bleu du ciel, parle d’une exploration des territoires⁴ à travers une réalité documentaire spécifique à la photographie. Les images
exposées voyagent entre l’Espagne, la France, la Palestine et les pays du
Maghreb, entre d’autres. La diversité des nationalités permet de questionner la
réalité dans l’espace méditerranéen contemporain. La notion de frontière, mais
également les questions d’identités et de politiques sont abordées, en écho
avec les récents évènements révolutionnaires du «Printemps arabe».
Tandis que prochainement, Paris ondulera de sensualité.
Mi-novembre, la capitale
française prendra le relais dans le champ artistique de la photographie avec
une rétrospective au Jeu de Paume consacrée à Manuel Alvarez Bravo.
A travers 150 clichés, dont une majorité sont inédits, l’exposition dévoile
tout le talent et la richesse de la photographe mexicaine disparue en 2002. De
l’autre côté de la manche, la Tate Modern propose à partir du 10 octobre un
duel entre William Klein et Daido Moriyama.
Avec 300 travaux, le musée implanté à Londres offre une confrontation de deux
figures importantes de la photographie entre planches-contacts, documents
d’archives et livres.
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Manuel Alvarez Bravo, Good Reputation sleeping, 1938 |
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Daido Moriyama, Aomori, Japon, 1971 |
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William Klein, Gun 1, New York, 1954 |
Sources documentaires:
artpress, Beaux Arts Magazine, Le Journal des Arts.
par C²
jeudi 7 juin 2012
INTERNET, UN NOUVEL ESPACE POUR LA PRESSE
Interview de Florence Meyssonnier, coordinatrice et rédactrice en chef de ZéroQuatre, revue d’art contemporain en Rhône-Alpes, réalisé le 18.05.2012
par Charline Corubolo.
1.
Incontournable dans notre société, Internet est devenu un moyen de diffusion
important, et permet de réagir instantanément sur les évènements. La revue ZéroQuatre
a vu le jour en 2007. Dans quel but avez-vous créé le site internet ?
Au moment où je suis devenue responsable de ZéroQuatre
(fin 2009), sa présence et sa diffusion sur le web étaient pour moi une
évidence. J'ai lancé la
création d’une page web en 2010, afin de développer l'accessibilité et la
diffusion de la revue (téléchargeable et consultable en ligne). Le stock
d'exemplaires distribués gratuitement dans près de 300 points de distribution
sur tout le territoire, s'épuisant très vite, il fallait répondre à une
demande. En complément de la version imprimée, la consultation et l'archivage
des publications sont apparus indispensables. Cette page web a également permis
de renforcer la visibilité de la revue.
2.
Depuis la création du site internet, avez-vous enregistré des pics de
fréquentations, et à quelles occasions ?
Des pics sont notables lors de l'envoi des newsletters
sur les sorties de la revue ou événements auxquels nous participons.
3.
Pour assurer la vie d’un site sur Internet, il est important de connaître son
public et les sujets « phares ». Comment faites-vous pour cibler ces
informations ?
La revue étant spécialisée en art contemporain et
gratuite (donc largement disponible), elle concerne principalement un large
public qui s'intéresse à ce domaine et fréquente les lieux où la revue est distribuée,
allant des étudiants aux chercheurs, des professionnels aux amateurs, en
passant par les artistes, collectionneurs, etc.
Le contexte « territorial » dans lequel
est né ZéroQuatre fait aussi de cet objet un maillon de la scène art
contemporain en Rhône-Alpes. La revue et le site permettent de rendre
accessible l'actualité en région à un public rhônalpin et à l'extérieur, de
comprendre les réalités qui constituent une scène sur un territoire, et plus
largement d'ouvrir des questionnements qui animent l'art contemporain ici et
ailleurs.
4.
Internet est un environnement en perpétuel mouvement. Prenez-vous en compte les
mutations du web pour faire évoluer votre site ? C’est-à-dire au niveau du
graphisme, de la fonctionnalité des menus, ou même des référencements ?
La page web de ZéroQuatre a été créée dans
un premier temps pour répondre à une demande et à une nécessaire visibilité,
dans l'optique de créer ensuite un site plus complet, lorsque les moyens le
permettraient. Nous sommes actuellement engagés dans ces réflexions.
5.
Aujourd’hui, Internet a créé une rupture démocratique et tout le monde peut se
lancer sur la « toile ». Comment faites-vous pour faire valoir votre
professionnalisme face aux amateurs journalistes virtuels ?
Nous sommes effectivement en train de réfléchir à
notre présence et celle que nous souhaitons donner à la scène de l'art
contemporain en Rhône-Alpes, par le développement de notre projet éditorial sur
le net. Et nous restons exigeants quant au professionnalisme avec lequel nous
devons mener notre réflexion et nos actions.
6.
Quelles différences fondamentales y a t-il entre la version papier et la
version numérique de la revue ?
L'une étant gratuite et largement diffusée et
l'autre étant pour l'instant un pdf
consultable et téléchargeable, les deux sont accessibles assez facilement.
La version papier reste plus favorable pour
apprécier l'objet, sa forme et son graphisme qui sont des points essentiels
pour nous. Chacun entretient aussi un rapport différent à la documentation, à
l'archivage... Si Internet permet une accessibilité immédiate aux données et à
leur archivage, la documentation papier reste importante pour beaucoup. Une
revue n'est pas qu'une circulation d'informations, mais elle est aussi une mise
en perspective éditoriale. ZéroQuatre propose des regards sur la scène
artistique à travers des essais, des portraits d'artistes, des dossiers... Ces
textes d'auteurs demandent un temps d'appréciation différent de celui de la
consultation de brèves ayant essentiellement pour but d'informer.
7.
Le site internet vous permet-il d’avoir une meilleure visibilité ?
Oui.
par C²
lundi 28 mai 2012
QUAND LE TRAIT VOYAGE
Graphique, dynamique et à la fois fluide, la ligne de Julien
Tiberi vous fera voyager. Ce jeune artiste marseillais travaille les images en
explorant la matière. Entre peinture et graphite, le sublime apparaît dans le
paysage. La main de Tiberi dévoile une série de dessin au trait noir sur fond
blanc. Telles des esquisses, la marge blanche met en exergue la beauté de la
ligne, mouvante et seule dans l’espace. L’artiste navigue de décor en décor en
offrant aux regards la splendeur de la nature dans son plus simple apparat. La
solitude de l’environnement illumine le panorama.
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Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire |
En diapason à cette série dessinée se déploient des tableaux
d’un noir profond. La puissance de la couleur octroie une prégnance particulière
à la perspective des lieux représentés. Avec la technique du « grattage »,
l’artiste travaille la peinture sur une plaque d’isorel pour dévoiler les
paysages qui peuplent son esprit. A travers une technique artistique ancienne,
Julien Tiberi traite de sujets contemporains. La série El astro de la suela (L’astre
de la semelle, 2011) manifeste de la réalité des quartiers qui bordent la
frontière mexicaine à Tijuana. Telles des villes fantômes seulement habitées
par des ombres, l’artiste tisse un véritable patchwork visuel d’une vie qui
nous est si éloignée. Le grattage fin de la peinture laisse entrevoir les
traits de construction du dessinateur. Manifestation de sa présence dans ses
lieux désertiques, l’artiste met en place un système à plusieurs degrés où se
croisent les références culturelles et cinématographiques.
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Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire |
L’espace de la galerie dévoile une œuvre in situ, où la
géométrie rencontre l’énigme. La sphère et le triangle suscitent l’intérêt de l’artiste,
toujours dans un rapport à l’évasion. Le cadre atypique de monstration donne à
voir une exposition graphique et sensible, où l’exploration de la matière
rencontre celle de l’histoire de la représentation.
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Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire |
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Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire |
Julien Tiberi, El astro de la suela
Du 28 avril au 7 juillet 2012
à la galerie chantiers Boite Noire
1 rue carbonnerie
par C²
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