Interview de Florence Meyssonnier, coordinatrice et rédactrice en chef de ZéroQuatre, revue d’art contemporain en Rhône-Alpes, réalisé le 18.05.2012
par Charline Corubolo.
1.
Incontournable dans notre société, Internet est devenu un moyen de diffusion
important, et permet de réagir instantanément sur les évènements. La revue ZéroQuatre
a vu le jour en 2007. Dans quel but avez-vous créé le site internet ?
Au moment où je suis devenue responsable de ZéroQuatre
(fin 2009), sa présence et sa diffusion sur le web étaient pour moi une
évidence. J'ai lancé la
création d’une page web en 2010, afin de développer l'accessibilité et la
diffusion de la revue (téléchargeable et consultable en ligne). Le stock
d'exemplaires distribués gratuitement dans près de 300 points de distribution
sur tout le territoire, s'épuisant très vite, il fallait répondre à une
demande. En complément de la version imprimée, la consultation et l'archivage
des publications sont apparus indispensables. Cette page web a également permis
de renforcer la visibilité de la revue.
2.
Depuis la création du site internet, avez-vous enregistré des pics de
fréquentations, et à quelles occasions ?
Des pics sont notables lors de l'envoi des newsletters
sur les sorties de la revue ou événements auxquels nous participons.
3.
Pour assurer la vie d’un site sur Internet, il est important de connaître son
public et les sujets « phares ». Comment faites-vous pour cibler ces
informations ?
La revue étant spécialisée en art contemporain et
gratuite (donc largement disponible), elle concerne principalement un large
public qui s'intéresse à ce domaine et fréquente les lieux où la revue est distribuée,
allant des étudiants aux chercheurs, des professionnels aux amateurs, en
passant par les artistes, collectionneurs, etc.
Le contexte « territorial » dans lequel
est né ZéroQuatre fait aussi de cet objet un maillon de la scène art
contemporain en Rhône-Alpes. La revue et le site permettent de rendre
accessible l'actualité en région à un public rhônalpin et à l'extérieur, de
comprendre les réalités qui constituent une scène sur un territoire, et plus
largement d'ouvrir des questionnements qui animent l'art contemporain ici et
ailleurs.
4.
Internet est un environnement en perpétuel mouvement. Prenez-vous en compte les
mutations du web pour faire évoluer votre site ? C’est-à-dire au niveau du
graphisme, de la fonctionnalité des menus, ou même des référencements ?
La page web de ZéroQuatre a été créée dans
un premier temps pour répondre à une demande et à une nécessaire visibilité,
dans l'optique de créer ensuite un site plus complet, lorsque les moyens le
permettraient. Nous sommes actuellement engagés dans ces réflexions.
5.
Aujourd’hui, Internet a créé une rupture démocratique et tout le monde peut se
lancer sur la « toile ». Comment faites-vous pour faire valoir votre
professionnalisme face aux amateurs journalistes virtuels ?
Nous sommes effectivement en train de réfléchir à
notre présence et celle que nous souhaitons donner à la scène de l'art
contemporain en Rhône-Alpes, par le développement de notre projet éditorial sur
le net. Et nous restons exigeants quant au professionnalisme avec lequel nous
devons mener notre réflexion et nos actions.
6.
Quelles différences fondamentales y a t-il entre la version papier et la
version numérique de la revue ?
L'une étant gratuite et largement diffusée et
l'autre étant pour l'instant un pdf
consultable et téléchargeable, les deux sont accessibles assez facilement.
La version papier reste plus favorable pour
apprécier l'objet, sa forme et son graphisme qui sont des points essentiels
pour nous. Chacun entretient aussi un rapport différent à la documentation, à
l'archivage... Si Internet permet une accessibilité immédiate aux données et à
leur archivage, la documentation papier reste importante pour beaucoup. Une
revue n'est pas qu'une circulation d'informations, mais elle est aussi une mise
en perspective éditoriale. ZéroQuatre propose des regards sur la scène
artistique à travers des essais, des portraits d'artistes, des dossiers... Ces
textes d'auteurs demandent un temps d'appréciation différent de celui de la
consultation de brèves ayant essentiellement pour but d'informer.
7.
Le site internet vous permet-il d’avoir une meilleure visibilité ?
Oui.
par C²
Internet peut être un outil de liberté et d'information, de partage de la culture. Mais la dématérialisation et la démocratisation peut parfois avoir ses limites : désacralisation de l'art, changement du rapport à l'oeuvre (liseusevéritable visite) qui défait un peu le matériau de sa personnalité, de sa beauté et/ou de son charme.
RépondreSupprimerJe referme la parenthèse pour revenir au coeur du sujet. La presse internet me paraît désormais plus libre que la presse papier souvent partisane ou appartenant à des grands groupes tels que Lagardère, Bolloré, etc. Comment espérer l'indépendance dans ces cas là ?
Lorsque j'ai réalisé cet interview, en vue de nourrir le développement d'un mémoire de recherche qui porte sur Internet et la presse spécialisée en art contemporain, mon objectif n'était pas de traiter "l'oeuvre d'art" sur Internet, mais de la place de la presse dans l'univers virtuel. Cependant, je suis d'accord avec les points que tu soulèves : changement de rapport avec l'objet, perte de substance et de personnalité. Ce sont des sujets que j'ai traité et qui s'avèrent important sur Internet si bien pour l'oeuvre que pour la presse. Car, si effectivement, la toile est devenu un espace démocratique où la liberté d'expression est plus grande, le visiteur se trouve face à une entité intangible. De fait, même s'il ne s'agit que de lecture, le rapport entre le lecteur et le sujet est fondamentalement modifié. Il y a aussi le problème des sources anonymes.
SupprimerMais ce ne sont que de petits inconvénients, qu'une bonne revue de presse contourne aisément. Et je ne suis pas d'accord par contre sur le fait que la presse web continue à dépendre de grands groupes. Il y a des très bons sites Internet sur l'art qui sont nés grâce à des gens motivés, et dont la volonté était une grande liberté d'expression. Partant de là, ils ont fait en sorte de vivre sans partenariat, et sont subventionnés principalement par la publicité comme le site Internet La Tribune de l'Art http://www.latribunedelart.com/ créé par Didier Rykner. C'est un exemple de site Internet totalement indépendant.