En septembre dernier, la photographie
profitait d’un certain rayonnement national grâce à la troisième édition de la
Biennale de la photographie, au quai Branly à Paris. Cette rentrée 2012 se fait
plus discrète sur le médium. Pourtant l’été fût marqué par la treizième
Documenta de Cassel en Allemagne, placée sous le signe de la réflexion, comme le souligne Anaël Pigeat dans artpress.
Tandis qu’en France les Rencontres d’Arles, où l’école française a brillé, se terminent en fin de semaine. Ces deux manifestations majeures dans
le champ de la photographie laissent place à plusieurs expositions tout aussi
intéressantes. Tour d’horizon de cette pratique spécifique de l’image, du
« ça a été » de Roland Barthes.
Depuis
le 19 juin et jusqu’au 8 octobre, le musée Guggenheim de New York abrite une
rétrospective consacrée à Rineke Dijkstra. La pratique de cette artiste
néerlandaise trouve son essence suite à un grave accident de vélo. Lors de sa
rééducation, la photographe est touchée par les gens qui l’entourent et décide
de capter leur histoire. Avec un regard plein d’empathie,
Dijkstra use de la photographie pour saisir la psychologie de ses modèles.
Fascinée par la peinture renaissante de Rembrandt et Ingres, elle emploie les
mêmes spécificités du portrait de l’époque et les applique dans un contexte
contemporain. Dépouillé de toutes fioritures, l’objectif de l’artiste se
concentre sur le sujet et le sublime sur de grands formats. Cette volonté de
proximité avec la personne tend à retranscrire des enjeux sociaux, mais aussi à
mettre en lumière l’histoire de l’humanité dans son plus simple appareil. A la
différence de la rétrospective qui a eu lieu au Jeu de Paume de Paris en
2004-2005, cette exposition présente cinq vidéos photographies animées.
L’animation met alors en mouvement le mystère de l’adolescence, cette période
difficile où l’individu se cherche, qui fascine tant la photographe.
Rineke Dijkstra, Selfportrait. |
Une
recherche de vrai et de simplicité que l’on retrouve dans l’œuvre de Diane
Arbus. Après avoir voyager en France puis en Suisse, cette rétrospective fait
ses armes à Berlin en Allemagne, jusqu’au 24 septembre. L’exposition, dont
l’ambition est de présenter l’incroyable carrière de la photographe, dévoile
des portraits d’enfants, de couples, de travestis. Les clichés, qui donnent à
voir une réalité anodine, renferment une force émotionnelle puissante perçant
ainsi la vulnérabilité de l’être. Comme sa démarche artistique, la
rétrospective ne se lit pas selon une scénographie scientifique, dans laquelle
les tirages seraient classés chronologiquement. Le musée Martin Gropius Bau
s’arpente comme une ligne de vie faite de moments, de souvenirs et de bonds dans
le temps. L’événement rend hommage à l’artiste, disparue depuis maintenant 40
ans, qui fût l’une des premières à s’intéresser à des personnes alors peu mises
en lumière.
Changement
de décor à Lyon avec la huitième édition des RENCONTRES 9ph, qui a ouvert ses
portes début septembre et les fermera courant novembre. Cette manifestation,
désormais d’importance nationale et internationale, offre une grande visibilité
à la photographie. Distillé en plusieurs lieux de la ville, le festival a pour
thème cette année la Méditerranée. Galeries, musées et bibliothèques dévoilent
au public une sélection de photographes originaires des pays de la
méditerranée. Gilles Verneret, organisateur de l’événement et directeur de la
galerie le Bleu du ciel, parle d’une exploration des territoires⁴ à travers une réalité documentaire spécifique à la photographie. Les images
exposées voyagent entre l’Espagne, la France, la Palestine et les pays du
Maghreb, entre d’autres. La diversité des nationalités permet de questionner la
réalité dans l’espace méditerranéen contemporain. La notion de frontière, mais
également les questions d’identités et de politiques sont abordées, en écho
avec les récents évènements révolutionnaires du «Printemps arabe».
Tandis que prochainement, Paris ondulera de sensualité.
Mi-novembre, la capitale
française prendra le relais dans le champ artistique de la photographie avec
une rétrospective au Jeu de Paume consacrée à Manuel Alvarez Bravo.
A travers 150 clichés, dont une majorité sont inédits, l’exposition dévoile
tout le talent et la richesse de la photographe mexicaine disparue en 2002. De
l’autre côté de la manche, la Tate Modern propose à partir du 10 octobre un
duel entre William Klein et Daido Moriyama.
Avec 300 travaux, le musée implanté à Londres offre une confrontation de deux
figures importantes de la photographie entre planches-contacts, documents
d’archives et livres.
Manuel Alvarez Bravo, Good Reputation sleeping, 1938 |
Daido Moriyama, Aomori, Japon, 1971 |
William Klein, Gun 1, New York, 1954 |
Sources documentaires:
artpress, Beaux Arts Magazine, Le Journal des Arts.
par C²
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