Une sculpture est-elle jamais finie? Bernard Pagès, sculpteur proche du mouvement support/surface, tente de répondre à cette interrogation. Point de départ de l’exposition Tout au bout, la sculpture du même nom apporte un regard amusé sur le sujet. Perchées dans les aires, les lettres d’acier semblent inaccessibles et laissent à croire que le travail continue de « pousser ». Au-delà du questionnement de l’artiste, l’ensemble des sculptures offre un véritable spectacle mouvant. Les tiges d’acier ondulent avec légèreté dans l’enceinte de la cathédrale Saint Anne. A l’entrée, Les Fléaux torsadés virevoltent dans une lumière de phare. Tandis que la sculpture Torse II de plus de cinq mètres de long semble sortir du sol et ramper doucement vers les autres éléments.
Ces lentes ondulations plongent l’ensemble du lieu dans un univers végétal. Les sculptures se transforment en plantes grimpantes, puis en algues portées par le mouvement de la mer. L’atmosphère vacille entre vision bucolique et plongée sous-marine. Les bidons rongés par le sel marin répondent à l’acier oxydé sur Les Fléaux. Les lignes sinueuses apparaissent comme les cordes d’un voilier en pleine mer. Cette ambiance changeante est provoquée par l’assemblage fantaisiste, mais juste, des divers éléments. Ainsi, le métal devient le prolongement d’un morceau de bois, le béton s’élève avec l’acier et la céramique adoucit la pierre.
Bernard Pagès, La Torse I, 2005, tube carré, torsadé et peint, bois d’amandier calciné, 210 x 620 x 410 cm
et La Torse II, 2006, bois de pin calciné, tube carré, torsadé et peint, 275 x 570 x 350 cm.
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Toute en expansion, les sculptures Les Fléaux et Les Pierres Roses viennent casser la symétrie de la cathédrale. Bien que la pièce Tout au bout tende à s’élever, l’ensemble des pièces jouent sur l’horizontalité et offrent un parcours sillonné. Les chemins sont multiples. L’exposition se transforme en excursion: il faut contourner les éléments, les approcher, passer dessous.
Nichée au centre de la chapelle, la sculpture Le Grand Surgeon III émerveille par la finesse de ses lignes. Elle s’élance doucement vers le haut, pour finalement se tordre. L’acier rouillé laisse place à un rouge délicat. Comme un point final à l’exposition, cette pièce suscite l’imagination.
Bernard Pagès, Les fléaux,1994, ensemble de sept sculptures,
béton coloré et taillé, acier oxydé, bois de châtaignier,
285 x 1800 x 310 cm
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La rigidité des matériaux s’efface au profit d’une impression de mouvement. La variété des éléments assemblés plonge l’exposition dans un univers de plantes folles et de voyage marin. Le Carré Saint Anne ondulera ainsi jusqu’au 25 mars.
Bernard Pagès, Tout au bout
Du 13 janvier au 25 mars 2012
2 rue Philippy
34000 Montpellier
04 67 60 82 11
Bernard Pagès, Tout au bout
Du 13 janvier au 25 mars 2012
2 rue Philippy
34000 Montpellier
04 67 60 82 11
par C²
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