jeudi 20 septembre 2012

L' "AURA" DE VERITE


En septembre dernier, la photographie profitait d’un certain rayonnement national grâce à la troisième édition de la Biennale de la photographie, au quai Branly à Paris. Cette rentrée 2012 se fait plus discrète sur le médium. Pourtant l’été fût marqué par la treizième Documenta de Cassel en Allemagne, placée sous le signe de la réflexion, comme le souligne Anaël Pigeat dans artpress. Tandis qu’en France les Rencontres d’Arles, où l’école française a brillé, se terminent en fin de semaine. Ces deux manifestations majeures dans le champ de la photographie laissent place à plusieurs expositions tout aussi intéressantes. Tour d’horizon de cette pratique spécifique de l’image, du « ça a été » de Roland Barthes.

Depuis le 19 juin et jusqu’au 8 octobre, le musée Guggenheim de New York abrite une rétrospective consacrée à Rineke Dijkstra. La pratique de cette artiste néerlandaise trouve son essence suite à un grave accident de vélo. Lors de sa rééducation, la photographe est touchée par les gens qui l’entourent et décide de capter leur histoire. Avec un regard plein d’empathie, Dijkstra use de la photographie pour saisir la psychologie de ses modèles. Fascinée par la peinture renaissante de Rembrandt et Ingres, elle emploie les mêmes spécificités du portrait de l’époque et les applique dans un contexte contemporain. Dépouillé de toutes fioritures, l’objectif de l’artiste se concentre sur le sujet et le sublime sur de grands formats. Cette volonté de proximité avec la personne tend à retranscrire des enjeux sociaux, mais aussi à mettre en lumière l’histoire de l’humanité dans son plus simple appareil. A la différence de la rétrospective qui a eu lieu au Jeu de Paume de Paris en 2004-2005, cette exposition présente cinq vidéos photographies animées. L’animation met alors en mouvement le mystère de l’adolescence, cette période difficile où l’individu se cherche, qui fascine tant la photographe.

Rineke Dijkstra, Selfportrait.

Une recherche de vrai et de simplicité que l’on retrouve dans l’œuvre de Diane Arbus. Après avoir voyager en France puis en Suisse, cette rétrospective fait ses armes à Berlin en Allemagne, jusqu’au 24 septembre. L’exposition, dont l’ambition est de présenter l’incroyable carrière de la photographe, dévoile des portraits d’enfants, de couples, de travestis. Les clichés, qui donnent à voir une réalité anodine, renferment une force émotionnelle puissante perçant ainsi la vulnérabilité de l’être. Comme sa démarche artistique, la rétrospective ne se lit pas selon une scénographie scientifique, dans laquelle les tirages seraient classés chronologiquement. Le musée Martin Gropius Bau s’arpente comme une ligne de vie faite de moments, de souvenirs et de bonds dans le temps. L’événement rend hommage à l’artiste, disparue depuis maintenant 40 ans, qui fût l’une des premières à s’intéresser à des personnes alors peu mises en lumière.


Changement de décor à Lyon avec la huitième édition des RENCONTRES 9ph, qui a ouvert ses portes début septembre et les fermera courant novembre. Cette manifestation, désormais d’importance nationale et internationale, offre une grande visibilité à la photographie. Distillé en plusieurs lieux de la ville, le festival a pour thème cette année la Méditerranée. Galeries, musées et bibliothèques dévoilent au public une sélection de photographes originaires des pays de la méditerranée. Gilles Verneret, organisateur de l’événement et directeur de la galerie le Bleu du ciel, parle d’une exploration des territoires⁴ à travers une réalité documentaire spécifique à la photographie. Les images exposées voyagent entre l’Espagne, la France, la Palestine et les pays du Maghreb, entre d’autres. La diversité des nationalités permet de questionner la réalité dans l’espace méditerranéen contemporain. La notion de frontière, mais également les questions d’identités et de politiques sont abordées, en écho avec les récents évènements révolutionnaires du «Printemps arabe». Tandis que prochainement, Paris ondulera de sensualité.




Mi-novembre, la capitale française prendra le relais dans le champ artistique de la photographie avec une rétrospective au Jeu de Paume consacrée à Manuel Alvarez Bravo. A travers 150 clichés, dont une majorité sont inédits, l’exposition dévoile tout le talent et la richesse de la photographe mexicaine disparue en 2002. De l’autre côté de la manche, la Tate Modern propose à partir du 10 octobre un duel entre William Klein et Daido Moriyama. Avec 300 travaux, le musée implanté à Londres offre une confrontation de deux figures importantes de la photographie entre planches-contacts, documents d’archives et livres.

Manuel Alvarez Bravo, Good Reputation sleeping, 1938

Daido Moriyama, Aomori, Japon, 1971
William Klein, Gun 1, New York, 1954

Sources documentaires:
artpress, Beaux Arts Magazine, Le Journal des Arts.
par C²

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