jeudi 27 décembre 2012

CLIP#8 - FLYING LOTUS // TINY TORTURES


par C²

UNE HISTOIRE DE L'HISTOIRE DE L'ART


La revue n’est autre qu’un outil d’information, de promotion. Mais cette opinion dominante est une illusion. La revue a une prégnance qui va bien au-delà de la communication.

Yves Chevrefils Desbiolles et Rossela Froissart Pezone sont les auteurs de l’ouvrage Les revues d’art, Formes, stratégies et réseaux au XXème siècle, qui propose un panorama des revues marquantes, appliquées au domaine artistique. Elaboré à la suite d’un colloque, ce regroupement de textes offre une analyse par cas, non chronologique mais sociologique. Ce livre propose une lecture pertinente de l’histoire de la revue, et permet d'aboutit une histoire de l’histoire de l’art, comme le définit Rossela Froissart Pezone. 




En avril 2008 se tient à Aix-en-Provence un colloque intitulé Les revues d’art, Formes, stratégies et réseaux au XXème siècle. Cette manifestation, qui se déroule sur trois jours, aborde trois grands thèmes: les revues comme laboratoire de création, les revues au frontière et les revues comme lieux de sociabilités militantes.

Sous la direction de Yves Chevrefils Desbiolles, docteur en histoire de l’art et responsable des fonds artistiques à l’IMEC, de Rossela Froissart Pezone, maître de conférence à l’université de Provence, de Romain Mathieu, doctorant en histoire de l’art contemporain, et de Pierre Wat, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Sorbonne Paris I, l’ambition était alors d’étudier les formes, les stratégies et les réseaux établis par les revues d’art au XXème siècle. Fort du succès de cette entreprise, un livre apparu regroupant les axes explorés. Cependant, le passage du colloque au livre contient plusieurs enjeux plastiques et structurels complexes. Et malgré le caractère laborieux de l'exercice, l'ouvrage offre une véritable cohérence entre les différentes étapes et les divers cas étudiés.

En effet, une approche structurée et sociologique est adoptée pour appréhender au mieux cette "histoire de l'histoire de l'art". La volonté ici est d’ouvrir un champ d’explorations des revues d’art, afin de comprendre comment elles, et l’art, ont évolué

L’intervention diversifiés de professionnels et spécialistes rend compte de l'aspect scientifique de la démarche. Cependant, avec vingt-deux auteurs, le lecteur est confronté à vingt-deux styles différents. L’écriture varie entre de longues phrases complexes et d'autres concises. Cela impute un manque de fluidité au contenu.

Toutefois, le livre est organisé de façon à gommer cette lacune. Il est découpé en trois parties: les hommes, les groupes, les programmes. Ce découpage a une visé sociologique afin d’exposer le plus clairement possible le cheminement d’une revue. L’objet né de la volonté d’un homme, qui s’entoure et sélectionne des axes. Cette orientation offre au lecteur un point de vue logique afin d’appréhender facilement l’histoire des revues au XXème siècle. Chaque intervenant relate la naissance et l'aboutissement d'une revue en particulier, en étudiant toutes les composantes et le contexte de création. En fonctionnant de la sorte, une histoire de l’histoire de l’art finit peu à peu à se mettre en place.


Grâce à différents cas explicitement exposés, le livre démontre comment les revues d’art du XXème siècle ont contribué à écrire l’histoire de l’art. A la fois champs d’expérimentations, lieu de manifestes, ou espaces de tendances, la revue est partie intégrante de l’art
Pour autant, la spécificité du sujet requière un véritable engouement pour arriver aux termes de cette lecture. De même, il est regrettable que les cas étudiés les plus récents ne soient que des années 1970. Certes l’histoire des revues est un vaste champ d’explorations à mener, mais il aurait été intéressant de confronter des cas du XXème et du XXIème siècle

Chevrefils Desbiolles, Yves, Froissart Pezone, Rossella,
Les revues d’art, Formes, stratégies et réseaux au XXème siècle,

Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011
par C²

samedi 17 novembre 2012

#CHRONIQUE CINE

Les films vus au cinéma cette semaine:

Nous York, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran
Désolant! Ce film est d'une pauvresse affligeante: manque de scénario, suites d'actions improbables et une interprétation moyenne. Le mieux reste l'image véhiculé par le film sur les touristes français: le français à l'étranger est un benêt qui crie "Obama" parce que c'est IN, ne sait pas parler français bien sur et collectionne tous les souvenirs les plus kitchs possibles. Stop.

La chasse, de Thomas Vinterberg.
Un des coups de coeur de l'année. La chasse est un film touchant et poignant. Il aborde le sujet délicat des rapports entre adulte et enfant, là où le mensonge se fond avec la réalité. Dès le début, le spectateur est pris aux tripes et est retenu en haleine jusqu'à la fin. Une fin ouverte, qui expose bien la complexité du sujet. Saluons la remarquable interprétation de Mads Mikkelsen, qui incarne avec justesse le mal-être du personnage. Un film à voir.



par C²

mardi 13 novembre 2012

QUAND LE GENTIL GARCON RENAIT DE SES VERRES


Le Gentil Garçon est l’enfant terrible de la scène artistique française. Né en 1974 à Lyon, l’artiste déclare dans Le futur est derrière nous car on ne le voit pas venir être né en 1998. Nom, visage, informations personnelles sont tant d’éléments que Le Gentil Garçon s’efforce de cacher au grand public. Ne souhaitant point se soumettre au dictât du marché de l’art, cet artiste polymorphe explore tous les médiums qui s’offre à lui: dessin, sculpture, installation, performance. L’œuvre Phoenix est une illustration des créations multiformes de l’artiste. Cette installation de pianos fût réalisée en deux temps

Le Gentil Garçon, performance filmée, 21 mai 2002, Attitude, Genève

Le 21 mai 2002, dans les locaux d’Attitude à Genève à 19h30, Le Gentil Garçon donne un micro concert pendant le vernissage de l’exposition. à cette occasion, l’artiste crée un piano à usage unique dont le fonctionnement est simple: grâce à un système de transmission mécanique irréversible, chaque touche du clavier est relié à un verre à pied. Lorsque l’artiste enfonce une touche, le verre correspondant à cette touche est brisé. Vêtu d’un costume queue de pie, le visage protégé par un casque de soudeur, Le Gentil Garçon fait son entrée dans la pièce. Le concert, durant moins de cinq minutes, est explosif. Lors de la prestation, 84 verres sur 88 sont brisés. A la fin du concert, l’artiste se lève et brise deux verres de ses mains. A l’issu de cette performance filmée, Le Gentil Garçon ne sait que faire des résidus de verre, mais les conserve en espérant leur trouver une seconde vie plus tard. Cette première partie de l’œuvre, dont la dimension «trafiquée» de l’instrument peut faire référence aux pianos préparés de John Cage, serait une sorte d’exutoire pour l’artiste. N’ayant jamais été bon en musique, cette performance artistique est une manière de se venger. Pour l’écrivain Yves Tenret: «Le Gentil Garçon a le sens du détail et surtout de celui qui est ridicule». L’artiste joue bien plus de l’ironie que de son inaptitude à faire de la musique.


Le Gentil Garçon, performance filmée, 21 mai 2002, Attitude, Genève

Un an après, il prépare une exposition pour le Kunst Museum à Bonn. Demeurant en Allemagne le temps du montage, il découvre un atelier de fonderie qui réalise des trompettes en verre. C’est alors que le souvenir des verres brisés, du concert donné un an auparavant, resurgit. L’artiste décide d’utiliser les débris afin de couler un cor. Soutenue par Françoise Guichon, alors directrice du Centre International de Recherche sur le Verre à Marseille, Le Gentil Garçon fait fondre le verre afin de lui donner une nouvelle forme: des flammes naît un cor au son puissant. Il intègre l’instrument de verre à l’installation Phoenix, composée de deux pianos. Le premier piano, issu de la performance de 2002, est réexposé tel qu’il était à la fin du concert, avec plus que deux verres intacts. Le deuxième piano est une réplique réalisée en 2003, recouverte de velours noir sur lequel est posé le cor en verre. Des vidéos, mêlant les images de destruction du vernissage intitulée The First Last Song à celles prises lors de la création du cor en verre, sont greffées à l’ensemble.

Le Gentil Garçon, Phoenix, 2002-2003, installation mixte

Là encore, Yves Tenret explique avec clairvoyance la démarche de l’artiste: «Le Gentil Garçon a choisi d'être quelque chose, des bricoles ingénieuses, jouets pervers et polymorphes». Cette installation est toute à la fois: astucieuse, multiforme et sarcastique. L’ironie distillée dans cette œuvre rappelle l’esprit Fluxus, dont l’ambition était d’abolir les frontières entre les arts sur un ton provocateur. L’ingéniosité du premier piano renvoie à l’univers stéréotypé de Mac Gyver. Par ailleurs, le choix de l’artiste pour le piano n’est pas anodin: la dimension sculpturale, ainsi que la place confirmée de l’objet dans l’histoire de l’art, ont très certainement orienté le choix de l’artiste. En 2003, le piano a perdu de son importance dans la société. En prenant cet instrument pour son œuvre, l’artiste joue sur une imagerie classique implantée dans une production artistique contemporaine. De plus, le verre n’a pas été employé uniquement pour sa capacité à se briser. Ce matériau a la caractéristique particulière de pouvoir être réutilisé, refondu indéfiniment sans jamais perdre de sa qualité. Ainsi, Le Gentil Garçon peut inlassablement briser les instruments pour manifester sa frustration face à la musique. Mais ironie du sort, l’instrument ne cessera de revivre.

Le Gentil Garçon, Phoenix, 2002-2003, installation mixte

A travers cette œuvre, l’artiste met en lumière un univers rempli d’ironie et teinté de poésie. La dimension ludique de la pièce va de paire avec l’esprit bricoleur du Gentil Garçon. Tel un enfant qui voudrait prendre une revanche sur ce qu’il n’arrive pas à faire, l’artiste se met en scène avec dérision et cherche à interroger le monde de l’enfant, avec une technicité physicienne.



par C²

jeudi 11 octobre 2012

UNE EXPOSITION A EXPERIMENTE






Interstice est une brèche sensorielle. Carbone 14, association Montpelliéraine œuvrant pour l’art contemporain, propose à partir du 26 octobre une exposition collective à la galerie Saint-Ravy. Cette manifestation plonge le visiteur en pleine interactivité. Avec le soutien de la Mairie de Montpellier et du Fonds Régional d’Art Contemporain du Languedoc-Roussillon, ce projet étudiant offre au public une aventure unique à travers des œuvres participatives.





Le corps du spectateur se trouve au coeur de l'oeuvre. Les pièces présentées emploient l’espace de la galerie Saint-Ravy comme un nouvel espace à découvrir. Ainsi, le fauteuil Squeeze Chair de Wendy Jacob invite le visiteur à s’assoir. Une fois installé, ce dernier se retrouve coincé dans l’œuvre, pris au piège dans ses bras gonflables. Tandis que Rolf Julius, avec Music for the eyes, sollicite l’ouïe du public. Allongé sur un carré de moquette, écouteurs sur les yeux, la personne est amenée à expérimenter la musique dans des conditions nouvelles. Ces deux pièces sont issues de la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon.


Wendy Jacob, Squeeze Chair, 1997, installation

Rolf Julius, Music for the eyes, 1982, installation


Dans une volonté de développer et soutenir l’art contemporain en Languedoc-Roussillon, le projet fait appel à de jeunes artistes de la région. Nicolas Daubanes, artiste plasticien et professeur à l'école des Beaux-Arts de Perpignan, occupe le deuxième espace de la galerie. Plongé dans le noir, immergé dans le son, le spectateur est amené à vivre la vidéo-performance de l'artiste intitulée Jusqu'ici tout va bien. Tandis que Maxime Boutin, Julien Borrel et Edouard Lecuyer, étudiants aux Beaux-Arts de Montpellier, proposent une œuvre spécialement conçue pour l’événement. Cette pièce collective, nommée Untitled, joue sur les codes linguistiques et informatiques, afin d’explorer la communication entre les gens.



Nicolas Daubanes, Jusqu'ici tout va bien, 2012, vidéo-performance


En parallèle à l’exposition, plusieurs actions sont menées pour éclairer le projet et sensibiliser le public à l’art contemporain. Ainsi, une présentation du projet aura lieu le jeudi 11 octobre à 14h30 dans la salle Camproux, avec le soutien du Service Commun d’Actions Culturelles de l’Université Paul Valéry, Montpellier III. Le mardi 6 novembre, une table ronde se tiendra en présence Mme Hélène Trespeuch, Maître de Conférence en Histoire de l’Art Contemporain à l’Université Montpellier 3, Patrick Perry, professeur à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, différents intervenants issus de ces deux établissements, ainsi que les artistes. Un dialogue sera construit autour de la question du rapport du spectateur aux œuvres le plaçant face à son intériorité. Des ateliers pour les enfants seront également mis en place, les mercredis et samedi, de 14h à 16h30 durant toute l'exposition. Par ailleurs, le public pourra bénéficier de visites commentées.



Le projet compte également des partenaires privés. La Casita del Barrio s’occupera du buffet lors du vernissage, en date du vendredi 26 octobre à partir de 18h30. Tandis que le Domaine Bois de Rose fournira les rafraichissements.


Le public est convié à s’interroger sur son quotidien et son environnement. Avec des œuvres qui jouent entre attraction et rejet, Interstice propose une déconnexion et la possibilité à chacun d'intégrer son corps dans la création contemporaine.

Dossier de presse.



Carbone 14 présente



Interstice - Exposition collective
Galerie Saint-Ravy
Du 26 octobre au 11 novembre 2012
Vernissage le vendredi 26 octobre 2012,
à partir de 18h30

par C²

jeudi 20 septembre 2012

L' "AURA" DE VERITE


En septembre dernier, la photographie profitait d’un certain rayonnement national grâce à la troisième édition de la Biennale de la photographie, au quai Branly à Paris. Cette rentrée 2012 se fait plus discrète sur le médium. Pourtant l’été fût marqué par la treizième Documenta de Cassel en Allemagne, placée sous le signe de la réflexion, comme le souligne Anaël Pigeat dans artpress. Tandis qu’en France les Rencontres d’Arles, où l’école française a brillé, se terminent en fin de semaine. Ces deux manifestations majeures dans le champ de la photographie laissent place à plusieurs expositions tout aussi intéressantes. Tour d’horizon de cette pratique spécifique de l’image, du « ça a été » de Roland Barthes.

Depuis le 19 juin et jusqu’au 8 octobre, le musée Guggenheim de New York abrite une rétrospective consacrée à Rineke Dijkstra. La pratique de cette artiste néerlandaise trouve son essence suite à un grave accident de vélo. Lors de sa rééducation, la photographe est touchée par les gens qui l’entourent et décide de capter leur histoire. Avec un regard plein d’empathie, Dijkstra use de la photographie pour saisir la psychologie de ses modèles. Fascinée par la peinture renaissante de Rembrandt et Ingres, elle emploie les mêmes spécificités du portrait de l’époque et les applique dans un contexte contemporain. Dépouillé de toutes fioritures, l’objectif de l’artiste se concentre sur le sujet et le sublime sur de grands formats. Cette volonté de proximité avec la personne tend à retranscrire des enjeux sociaux, mais aussi à mettre en lumière l’histoire de l’humanité dans son plus simple appareil. A la différence de la rétrospective qui a eu lieu au Jeu de Paume de Paris en 2004-2005, cette exposition présente cinq vidéos photographies animées. L’animation met alors en mouvement le mystère de l’adolescence, cette période difficile où l’individu se cherche, qui fascine tant la photographe.

Rineke Dijkstra, Selfportrait.

Une recherche de vrai et de simplicité que l’on retrouve dans l’œuvre de Diane Arbus. Après avoir voyager en France puis en Suisse, cette rétrospective fait ses armes à Berlin en Allemagne, jusqu’au 24 septembre. L’exposition, dont l’ambition est de présenter l’incroyable carrière de la photographe, dévoile des portraits d’enfants, de couples, de travestis. Les clichés, qui donnent à voir une réalité anodine, renferment une force émotionnelle puissante perçant ainsi la vulnérabilité de l’être. Comme sa démarche artistique, la rétrospective ne se lit pas selon une scénographie scientifique, dans laquelle les tirages seraient classés chronologiquement. Le musée Martin Gropius Bau s’arpente comme une ligne de vie faite de moments, de souvenirs et de bonds dans le temps. L’événement rend hommage à l’artiste, disparue depuis maintenant 40 ans, qui fût l’une des premières à s’intéresser à des personnes alors peu mises en lumière.


Changement de décor à Lyon avec la huitième édition des RENCONTRES 9ph, qui a ouvert ses portes début septembre et les fermera courant novembre. Cette manifestation, désormais d’importance nationale et internationale, offre une grande visibilité à la photographie. Distillé en plusieurs lieux de la ville, le festival a pour thème cette année la Méditerranée. Galeries, musées et bibliothèques dévoilent au public une sélection de photographes originaires des pays de la méditerranée. Gilles Verneret, organisateur de l’événement et directeur de la galerie le Bleu du ciel, parle d’une exploration des territoires⁴ à travers une réalité documentaire spécifique à la photographie. Les images exposées voyagent entre l’Espagne, la France, la Palestine et les pays du Maghreb, entre d’autres. La diversité des nationalités permet de questionner la réalité dans l’espace méditerranéen contemporain. La notion de frontière, mais également les questions d’identités et de politiques sont abordées, en écho avec les récents évènements révolutionnaires du «Printemps arabe». Tandis que prochainement, Paris ondulera de sensualité.




Mi-novembre, la capitale française prendra le relais dans le champ artistique de la photographie avec une rétrospective au Jeu de Paume consacrée à Manuel Alvarez Bravo. A travers 150 clichés, dont une majorité sont inédits, l’exposition dévoile tout le talent et la richesse de la photographe mexicaine disparue en 2002. De l’autre côté de la manche, la Tate Modern propose à partir du 10 octobre un duel entre William Klein et Daido Moriyama. Avec 300 travaux, le musée implanté à Londres offre une confrontation de deux figures importantes de la photographie entre planches-contacts, documents d’archives et livres.

Manuel Alvarez Bravo, Good Reputation sleeping, 1938

Daido Moriyama, Aomori, Japon, 1971
William Klein, Gun 1, New York, 1954

Sources documentaires:
artpress, Beaux Arts Magazine, Le Journal des Arts.
par C²

jeudi 7 juin 2012

INTERNET, UN NOUVEL ESPACE POUR LA PRESSE


Interview de Florence Meyssonnier, coordinatrice et rédactrice en chef de ZéroQuatre, revue d’art contemporain en Rhône-Alpes, réalisé le 18.05.2012 par Charline Corubolo.


1. Incontournable dans notre société, Internet est devenu un moyen de diffusion important, et permet de réagir instantanément sur les évènements. La revue ZéroQuatre a vu le jour en 2007. Dans quel but avez-vous créé le site internet ?

Au moment où je suis devenue responsable de ZéroQuatre (fin 2009), sa présence et sa diffusion sur le web étaient pour moi une évidence. J'ai lancé la création d’une page web en 2010, afin de développer l'accessibilité et la diffusion de la revue (téléchargeable et consultable en ligne). Le stock d'exemplaires distribués gratuitement dans près de 300 points de distribution sur tout le territoire, s'épuisant très vite, il fallait répondre à une demande. En complément de la version imprimée, la consultation et l'archivage des publications sont apparus indispensables. Cette page web a également permis de renforcer la visibilité de la revue.


2. Depuis la création du site internet, avez-vous enregistré des pics de fréquentations, et à quelles occasions ?

Des pics sont notables lors de l'envoi des newsletters sur les sorties de la revue ou événements auxquels nous participons.


3. Pour assurer la vie d’un site sur Internet, il est important de connaître son public et les sujets « phares ». Comment faites-vous pour cibler ces informations ?

La revue étant spécialisée en art contemporain et gratuite (donc largement disponible), elle concerne principalement un large public qui s'intéresse à ce domaine et fréquente les lieux où la revue est distribuée, allant des étudiants aux chercheurs, des professionnels aux amateurs, en passant par les artistes, collectionneurs, etc.
Le contexte « territorial » dans lequel est né ZéroQuatre fait aussi de cet objet un maillon de la scène art contemporain en Rhône-Alpes. La revue et le site permettent de rendre accessible l'actualité en région à un public rhônalpin et à l'extérieur, de comprendre les réalités qui constituent une scène sur un territoire, et plus largement d'ouvrir des questionnements qui animent l'art contemporain ici et ailleurs.


4. Internet est un environnement en perpétuel mouvement. Prenez-vous en compte les mutations du web pour faire évoluer votre site ? C’est-à-dire au niveau du graphisme, de la fonctionnalité des menus, ou même des référencements ?

La page web de ZéroQuatre a été créée dans un premier temps pour répondre à une demande et à une nécessaire visibilité, dans l'optique de créer ensuite un site plus complet, lorsque les moyens le permettraient. Nous sommes actuellement engagés dans ces réflexions.


5. Aujourd’hui, Internet a créé une rupture démocratique et tout le monde peut se lancer sur la « toile ». Comment faites-vous pour faire valoir votre professionnalisme face aux amateurs journalistes virtuels ?

Nous sommes effectivement en train de réfléchir à notre présence et celle que nous souhaitons donner à la scène de l'art contemporain en Rhône-Alpes, par le développement de notre projet éditorial sur le net. Et nous restons exigeants quant au professionnalisme avec lequel nous devons mener notre réflexion et nos actions.


6. Quelles différences fondamentales y a t-il entre la version papier et la version numérique de la revue ?

L'une étant gratuite et largement diffusée et l'autre étant pour l'instant un pdf consultable et téléchargeable, les deux sont accessibles assez facilement.
La version papier reste plus favorable pour apprécier l'objet, sa forme et son graphisme qui sont des points essentiels pour nous. Chacun entretient aussi un rapport différent à la documentation, à l'archivage... Si Internet permet une accessibilité immédiate aux données et à leur archivage, la documentation papier reste importante pour beaucoup. Une revue n'est pas qu'une circulation d'informations, mais elle est aussi une mise en perspective éditoriale. ZéroQuatre propose des regards sur la scène artistique à travers des essais, des portraits d'artistes, des dossiers... Ces textes d'auteurs demandent un temps d'appréciation différent de celui de la consultation de brèves ayant essentiellement pour but d'informer.


7. Le site internet vous permet-il d’avoir une meilleure visibilité ?

Oui.


par C²

lundi 28 mai 2012

QUAND LE TRAIT VOYAGE

Graphique, dynamique et à la fois fluide, la ligne de Julien Tiberi vous fera voyager. Ce jeune artiste marseillais travaille les images en explorant la matière. Entre peinture et graphite, le sublime apparaît dans le paysage. La main de Tiberi dévoile une série de dessin au trait noir sur fond blanc. Telles des esquisses, la marge blanche met en exergue la beauté de la ligne, mouvante et seule dans l’espace. L’artiste navigue de décor en décor en offrant aux regards la splendeur de la nature dans son plus simple apparat. La solitude de l’environnement illumine le panorama.

Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire
En diapason à cette série dessinée se déploient des tableaux d’un noir profond. La puissance de la couleur octroie une prégnance particulière à la perspective des lieux représentés. Avec la technique du « grattage », l’artiste travaille la peinture sur une plaque d’isorel pour dévoiler les paysages qui peuplent son esprit. A travers une technique artistique ancienne, Julien Tiberi traite de sujets contemporains. La série El astro de la suela (L’astre de la semelle, 2011) manifeste de la réalité des quartiers qui bordent la frontière mexicaine à Tijuana. Telles des villes fantômes seulement habitées par des ombres, l’artiste tisse un véritable patchwork visuel d’une vie qui nous est si éloignée. Le grattage fin de la peinture laisse entrevoir les traits de construction du dessinateur. Manifestation de sa présence dans ses lieux désertiques, l’artiste met en place un système à plusieurs degrés où se croisent les références culturelles et cinématographiques.

Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire
L’espace de la galerie dévoile une œuvre in situ, où la géométrie rencontre l’énigme. La sphère et le triangle suscitent l’intérêt de l’artiste, toujours dans un rapport à l’évasion. Le cadre atypique de monstration donne à voir une exposition graphique et sensible, où l’exploration de la matière rencontre celle de l’histoire de la représentation.

Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire

Crédit photo © galerie chantiers Boîte Noire

Julien Tiberi, El astro de la suela
Du 28 avril au 7 juillet 2012
à la galerie chantiers Boite Noire
1 rue carbonnerie
par C²